29 janvier : Ewen et la Cheminée Magique

Ewen et la Cheminée Magique

(vous pouvez aussi l'écouter sur YouTube : https://youtu.be/41KI1a5QFL4)

 

Il était une fois, au bord d’une mer déchaînée et mystérieuse, un petit garçon nommé Éwen. Il vivait avec ses parents dans une modeste petite maison en terre battue, éloignée de tout, où le vent hurlait à travers les fissures et où l’âtre fumant offrait une chaleur bien trop faible pour réchauffer leurs cœurs fatigués.

 

Éwen était un garçon studieux et curieux. Tous les soirs, il se blottissait dans l’âtre de la cheminée, assis sur un banc de pierres, ses livres serrés contre lui, espérant s’évader dans la lecture. Mais la lumière du foyer était faible et la fumée piquait ses yeux, les faisant pleurer. Souvent, il n’arrivait même pas à lire tant ses yeux lui faisaient mal et cela le désolait. 

 

Dans ses moments de solitude, il trouvait refuge ailleurs : sur la plage sauvage battue par les vents ou dans le creux d’une falaise. Là, il ouvrait ses livres, se perdant tantôt dans les mystères du monde, tantôt dans des aventures fantastiques. Les histoires devinrent son seul réconfort dans une vie austère.

 

Les villageois, eux, se moquaient de lui et de ses parents. Ils étaient les plus pauvres, ils étaient mal fagotés, et personne ne venait leur rendre visite. Pourtant, Éwen ne se plaignait jamais. Il rêvait simplement d’un jour meilleur, pour lui et pour sa famille.

 

Un soir d’hiver, alors qu’Éwen tentait une fois de plus de lire à la lumière vacillante de l’âtre, une petite voix qui s’emblait l’entourer l’interpella.  

 

— Je te vois peiner chaque soir, Éwen, dit la cheminée. Je te vois souffrir, tout comme tes parents qui travaillent sans relâche pour t’offrir une chance. Mais je peux t’aider… si tu m’aides d’abord.

 

— Toi ? Une cheminée ? balbutia Éwen, stupéfait. Comment pourrais-tu m’aider ? 

 

— Il existe un galet magique, caché près des falaises. Apporte-le-moi, et je te promets de devenir la cheminée la plus chaleureuse du monde. Ta maison sera lumineuse, et tes parents n’auront plus à s’épuiser pour me nourrir.

 

Stupéfait, Éwen alla se coucher mais ne dormit pas cette nuit-là. L’idée qu’un simple galet puisse changer la vie de sa famille le hantait. À l’aube, les yeux plein de sommeil, il quitta la maison discrètement, le sac de son père sur le dos, avec un morceau de pain dur et un peu d’eau. La cheminée lui avait dit de chercher là où « les vagues rencontrent les rochers » et où « le vent chante des histoires anciennes. » Mais qu’est-ce que çà signifiait vraiment ? Le mystère semblait aussi profond que l’océan.

 

En longeant le sentier qui menait aux falaises, Éwen sentait le froid mordant du matin, et le bruit des vagues résonnait au loin, comme un tambour. Le vent, lui, ne cessait de souffler autour de lui, puissant et joueur. Mais alors qu’il avançait, il réalisa que ce vent semblait différent, comme… vivant.

 

Une voix douce et grave mêlée au souffle du large lui parvint murmurant dans ses oreilles :

 

— Éwen, petit garçon des falaises, n’aie pas peur. Si tu cherches avec ton cœur, le galet doré te révélera son secret.

 

Éwen sursauta. Était-ce le vent qui parlait ou son imagination ? Il ralentit, les yeux écarquillés, écoutant attentivement. Chaque bourrasque semblait porter des mots, comme des bribes d’une chanson ancienne. « Au pied des géants de pierres… sous l’écume des vagues… » ne cessait de répéter la voix.

 

Il arriva enfin sur les hautes falaises. Devant lui, l’océan s’étendait à perte de vue, ses vagues se fracassant contre les rochers en contrebas. La lumière du matin jouait sur les crêtes des vagues, les rendant presque dorées. Éwen inspira profondément, le regard attiré par les énormes blocs de pierres qui semblaient se dresser comme des géants figés par le temps.

 

— C’est ici, murmura-t-il, sûr de lui.

 

Il descendit prudemment vers les rochers, ses pieds glissant sur le sol humide. Le vent hurlait autour de lui, mais la voix qu’il avait entendue semblait maintenant plus claire, presque bienveillante, comme une mère qui chuchote une berceuse. Elle lui donnait courage.

 

— Cherche sous les éclats d’écume… là où le temps s’arrête puis se retourne, soufflait-elle.

 

Éwen scruta les rochers, retournant les cailloux, fouillant les anfractuosités où l’eau s’était infiltrée. Mais après de longues minutes, il ne trouva rien. Son cœur commençait à se serrer. Et si la cheminée s’était trompée ? Et si ce galet n’existait pas ? Et si ? Et si ?... Le doute s’immisçait en lui.

 

Alors qu’il s’asseyait sur un rocher, découragé, une bourrasque soudaine lui arracha son sac des mains. Le vent emporta le morceau de pain et fit voler son écharpe, comme s’il voulait jouer avec lui. Éwen, agacé, se leva pour les récupérer, mais le vent semblait insister.

 

— Mais pourquoi fais-tu ça ? cria-t-il dans le vide comme s’il était persuadé que personne ne pouvait l’entendre.

 

Le vent souffla plus fort, et la voix se fit entendre à nouveau, claire cette fois-ci :

 

— Suis-moi, petit garçon. Laisse tes doutes s’en aller.

 

Guidé par la bourrasque, Éwen avança le long des rochers, glissant parfois, mais continuant malgré tout. Le vent tourbillonnait autour de lui, et à chaque pas, il entendait les mots « juste un peu plus loin… »  «juste un peu plus loin… »  …  Il atteignit enfin un endroit où les vagues s’écrasaient violemment, projetant une fine bruine dans l’air. Là, sous un surplomb rocheux, il remarqua une étrange lueur, à peine perceptible.

 

Éwen s’agenouilla et plongea la main dans une petite cavité, à moitié remplie d’eau salée. Ses doigts rencontrèrent quelque chose de lisse, de chaud. Il sortit un petit galet doré, brillant comme s’il avait capturé un rayon de soleil. Il le serra dans sa paume et sentit une chaleur douce se diffuser dans tout son corps. C’était comme si ce galet contenait une vie propre, une énergie bienveillante.

 

Mais à cet instant, une énorme vague surgit, éclaboussant Éwen de la tête aux pieds. Il se redressa, tremblant, et une nouvelle voix, plus grave et imposante, s’éleva depuis l’océan.

 

— Ce galet est précieux, jeune Éwen. Il est né du souffle de la mer et du feu de la terre. Il appartient à ceux qui le méritent. Pourquoi devrais-tu l’avoir ?

 

Éwen serra le galet contre lui et répondit avec ferveur :

 

— Ben... Je ne veux pas ce galet pour moi tout seul. Mes parents se sacrifient pour que je puisse apprendre. Je veux qu’ils aient une vie meilleure... S’il vous plaît, laissez-moi l’emporter.

 

L’océan resta silencieux un moment, puis une vague douce lécha ses pieds. La voix murmura alors, presque souriante :

 

— Tu es digne de ce galet. Souviens-toi, petit garçon : la véritable magie ne vient pas des objets, mais de l’amour et de la persévérance.

 

Éwen rentra chez lui, le cœur rempli d’espoir.  Il jeta le galet doré au fond de l’âtre et comme par magie, le galet se mit à briller fortement, jusqu’à éblouir Éwen puis l’intensité s’estompa… Le galet venait de disparaitre à ses yeux. 

 

La cheminée, se mit à dégager une chaleur douce et intense alors qu’il n’y avait que quelques maigres branches qui se consumaient. Fidèle à sa promesse, elle transforma la modeste maison en un cocon de chaleur. 

 

Désormais, le père de Éwen cherchait non plus du bois à bruler sinon juste quelques fagots pour entretenir le feu de la cheminée, il ne comprenait toujours pas pourquoi la cheminée ne consommait pratiquement pas et chauffait un maximum mais il ne dit rien, ni à son fils, ni à sa femme. Maintenant il aidait sa femme au champ et surtout ramassait du bois pour sculpter des objets qu’il vendait au marché. Petit à petit, sa vie changea, la maison chauffait, le champ récoltait, les objets de bois se vendaient, le quotidien s’améliorait.

 

Éwen avait pour tâche de nettoyer les cendres de la cheminée une fois par semaine. Consciencieusement, il balayait les cendres qu’il jetait dans l’âtre et une fois ce travail terminé, il allait chercher une petite pelle et un seau en fer pour y mettre les cendres. D’habitude, les cendres font un bruit sourd lorsqu’elles tombent dans le seau, mais alors qu’il jetait une pelle de cendres dans le seau, il entendit un bruit métallique. Il fut attiré par ce bruit,  il n’y avait jamais eu de pierre mais que du bois dans les cendres, il chercha avec un bâton, il fouilla les cendres et vit un écu d’or parmi les cendres. Il le mit rapidement dans sa poche avec un large sourire.  Qui aurait pu jeter un écu d’or dans la cheminée, personne ne venait jamais les voir et pour sûr ce n’était ni son père ni sa mère. Chaque semaine parmi les cendres, il découvrait un nouvel écu d’or. La cheminée semblait vouloir l’aider encore davantage. 

 

Chaque semaine, elle laissait apparaître un écu d’or, que le garçon ramassait discrètement et cachait dans le creux d’un rocher accroché à une falaise abrupte. Là, personne ne viendrait les chercher.

 

Et tandis que le vent du large continuait de souffler autour de leur maison, Éwen savait que ce vent si joueur et si violent lui avait offert bien plus qu’un simple galet : il lui avait donné la chance de changer son destin.

 

Éwen retrouva le plaisir de lire. La lumière claire du foyer et la chaleur bienfaisante lui permirent de se plonger dans ses livres chaque soir. À l’école, il devint l’un des élèves les plus brillants, étonnant même ses camarades qui avaient jadis ri de lui. 

 

Avec ses sculptures et son champ, son père gagnait juste ce qu’il fallait pour nourrir, habiller et surtout acheter les livres pour Éwen.

 

Avec le temps, Éwen accumula un petit trésor. Une idée grandissait dans son esprit : partir à l’aventure, découvrir le monde au-delà des falaises et des vagues. Il en parla à ses parents, qui, bien qu’attristés, comprirent son envie de voir d’autres horizons, d’autant plus qu’il devenait grand. Avant de partir, Éwen récupéra les écus d’or qu’il avait soigneusement cachés et se promit de veiller sur ses parents, même de loin. 

 

L’histoire ne dit pas si la cheminée continua à donner un écu d’or par semaine. Maintenant c’était sa maman qui nettoyait l’âtre et personne ne sut si elle trouvait chaque semaine un écu d’or qui tintait en tombant dans le seau. Du moins, elle n’en parla pas…

 

Avec son trésor, Éwen put voyager dans des contrées lointaines, s’instruire davantage et découvrir des merveilles. Mais il n’oublia jamais sa famille. Régulièrement, il leur envoyait de l’argent et des lettres remplies de récits de ses aventures.

 

Des années plus tard, Éwen revint au village, changé. Il était devenu un homme riche et érudit. Les villageois admiraient sa réussite et venaient l’écouter raconter ses voyages autour du monde. Pourtant, Éwen savait au fond de lui que son succès ne venait pas seulement de ses efforts, mais aussi du soutien discret et mystérieux de cette cheminée magique et du vent.

 

Avec la fortune qu’il avait accumulée, Éwen fit reconstruire la maison familiale. Mais il insista pour conserver la vieille cheminée de pierres, celle qui avait jadis changé le cours de leur vie. Elle continua de réchauffer la maison, rappelant à Éwen et à ses parents que même dans la pauvreté, un simple éclat de magie et une grande détermination peuvent tout transformer.

 

Le petit Éwen n’aurait jamais imaginé qu’un galet doré et une cheminée pourraient changer sa vie. Mais il avait appris une leçon précieuse : la richesse la plus importante réside dans le courage, l’amour familial et la persévérance. Et même si le monde finit par l’aimer pour sa réussite, Éwen n’oublia jamais d’où il venait, ni l’étrange cheminée qui l’avait guidé vers un avenir meilleur.


kirikiki l'histoire est finie !...


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