30 janvier : Marie La Petite Peste

Marie la Petite Peste

(vous pouvez aussi l'écouter sur YouTube :https://youtu.be/j3noWF3jurU)

Marie était une petite peste. Fille unique de parents immensément riches et influents dans leur petite ville de province, elle était habituée à être le centre de toutes les attentions. Son visage délicat, encadré par de longues boucles dorées, contrastait avec l'arrogance qui brillait dans ses yeux clairs et son teint mat. Ses tenues étaient toujours impeccables : robes de soie, chaussures de cuir verni, rubans assortis à ses gants de dentelle. Sa démarche princière était assurée, hautaine, et son regard glacial foudroyait ceux qui osaient croiser son chemin.

À l'école, elle était crainte plus qu'appréciée. Elle épiait ses camarades, détectant la moindre faiblesse pour mieux l'exploiter. Paul avait des chaussures trouées ? Elle riait aux éclats, assurant à tous que c'était une honte. Sophie avait un cartable usé ? Marie prenait soin de le souligner, ajoutant qu'elle ne voudrait jamais toucher à une chose aussi misérable. Ses parents, loin de réprouver son comportement, l'encourageaient. "Marie, tu es digne de ton rang", lui disait son père en lui caressant la tête. "Ne te laisse pas corrompre par la faiblesse des autres", ajoutait sa mère avec un sourire satisfait.

Un soir, alors qu’elle rentrait de l’école, Marie eut un frisson. Elle aperçut quelque chose d’étrange. Dans un arbre noueux, entre les branches tortueuses, une minuscule souris grise semblait la fixer de ses petits yeux noirs, brillants comme des perles. Elle secoua la tête. Impossible. Elle devait être fatiguée. Après tout, elle avait passé la journée à humilier les autres, à dicter sa loi, et cela demandait un certain effort. 

-       Je suis terriblement fatiguée, se dit-elle, tous ces gueux m’exaspèrent…

Elle reprit sa marche, mais la souris était là, sur un muret, immobile, puis sur une barrière, toujours la fixant. À chaque clignement d'yeux, elle disparaissait pour réapparaître plus loin. Le malaise s’insinua dans son esprit comme un courant d’air glacial. Ses doigts se crispèrent sur les anses de son sac brodé. Elle avait maintenant des sueurs froides pouvant aller jusqu’à une syncope si sa maison n’avait pas été si proche.

Une fois chez elle, elle se précipita à table, espérant que l’ambiance feutrée de la salle à manger la rassurerait et que manger lui procurerait l’énergie nécessaire à sa survie que ses camarades de classe avaient certainement épuisée.

Mais l’angoisse enfla lorsqu’elle aperçut la souris sur le rebord du buffet en acajou, puis sur le lustre scintillant, puis juste à côté de son assiette. Elle hurla envoyant la souris la regarder sur le dos de sa cuillère. S’en fut trop, elle se mit à hurler « une souris… » « une souris… » en jetant sa cuillère sur le beau costume en laine de son père. Ses parents sursautèrent.

« Marie, mais qu’est-ce qui te prend ? » demanda sa mère d’un ton réprobateur. « Une souris ! Elle est là ! » Mais bien sûr, eux ne voyaient rien.

Ses parents la rassurèrent, la pauvre petite avait beaucoup de travail pour tenir son rang à l’école et par conséquent, il fallait qu’elle se repose. Sa mère envisagea un instant de l’envoyer faire un séjour en bord de mer car la petite était fatiguée voire certainement épuisée. Il lui fallait du repos et l’extirper de cette misère qui hantait les rues selon elle.

Tremblante, elle monta se coucher après le repas. Elle prit néanmoins le temps de se coiffer soigneusement, de nouer son ruban favori, de s'envelopper dans une couverture de soie. Pourtant, la peur la tenaillait. Ce soir-là, elle laissa la bougie allumée sur sa table de chevet, espérant que sa lumière fragile la protégerait et tiendrait jusqu’au matin.

Le silence nocturne était lourd. Puis, un bruit infime lui fit ouvrir les yeux. Son souffle se coupa. La souris était là, perchée sur son oreiller, ses petits yeux noirs plongés dans les siens. Marie voulut crier, mais aucun son ne sortit. Devant ses yeux, la créature se transforma. Elle se mua en un papillon aux ailes d’argent, puis en une sirène éthérée, et enfin en une princesse éblouissante.

La princesse était d’une beauté époustouflante et envoûtante, mais ses yeux étaient baignés de larmes. Chaque nuit, elle revenait. Toujours en larmes. Toujours triste. Elle racontait à Marie comment sa méchanceté blessait les autres, comment les rires moqueurs faisaient couler des larmes silencieuses sur les visages des enfants qu’elle humiliait.

Marie, d’abord indifférente, commença à écouter. Puis, elle se mit à réfléchir. Les paroles de la princesse s’insinuaient dans son cœur, comme une musique douce qu’elle ne pouvait ignorer. Mais chaque soir, la princesse pleurait encore et encore.

Chaque nuit Marie lui demandait : « Que puis-je faire pour arrêter tes larmes ? » mais la princesse ne répondait pas puis, une nuit, elle répondit : « Fais quelque chose de bon, sans attendre de récompense. Offre un instant de bonheur à quelqu’un qui souffre. »

Le lendemain, Marie observa Paul. Elle vit ses chaussures trouées, ses habits rapiécés. Elle se souvint de ses moqueries et eut honte. Ce jour-là, elle prenait conscience de sa méchanceté et elle voulut que tout cela s’arrête.

Alors, quelques jours plus tard, un matin, un mystérieux paquet apparut devant la maison de Paul. Une paire de chaussures neuves, brillantes, douces comme du velours. Paul les enfila aussitôt, elles lui allaient comme un gant et courut à l’école avec un sourire immense. Il était tellement heureux qu’il chantait, sautait et dansait. Marie esquissa un sourire lorsqu’elle le vit arriver à l’école et ne puis s’empêcher de penser que cela était bon de rendre les gens heureux.

Cette nuit-là, la princesse revint. Mais elle ne pleurait plus. Elle était radieuse, lumineuse comme une étoile.

« Maintenant, ton cœur est pur, Marie », lui dit-elle en caressant sa joue. Puis, doucement, elle disparut.

Le lendemain, tout semblait différent. Les oiseaux chantaient plus fort, l’air était plus doux, et Marie se sentait légère, libre, heureuse. Elle comprit que le bonheur ne résidait pas dans la richesse, mais dans la bonté du cœur. Sa vie changea à tout jamais au désespoir de ses parents. Elle n’honorait plus son rang selon eux, mais comme elle était heureuse.


kirikiki l'histoire est finie !...


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