31 janvier : Hugo le petit garçon qui semblait perdu
Hugo, le garçon qui semblait perdu
(vous pouvez aussi l'écouter sur YouTube : https://youtu.be/2efIkmuOBUA)
Il était une fois, dans un petit village perdu au milieu d’une immense plaine, un garçon aux cheveux de feu nommé Hugo. Il était le seul roux de sa famille, tandis que ses parents et ses nombreux frères et sœurs arboraient tous une chevelure brune aussi sombre que des ailes de corbeau. Ce décalage le faisait se sentir à part, comme s'il n'était pas à sa place. Dans ce village, la vie s'écoulait paisiblement, rythmée par les saisons et les traditions transmises de génération en génération. Il était aussi le seul petit garçon aux cheveux roux du village. Tout le monde l’avait vu quelque part, ici on l’avait vu chevaucher l’âne du père André, là on l’avait vu patauger dans le lavoir du village, là encore, il avait mangé des cerises tout l’après-midi dans les cerisiers du forgeron. Tout cela lui valait réprimandes de ses parents. Bien sûr, il n’était pas seul à chevaucher l’âne du père André, bien sûr il n’était pas seul à patauger dans le lavoir du village, bien sûr il n’était pas seul à manger les cerises du forgeron mais personne ne voyait la petite équipe qui l’entourait, on ne voyait que le petit rouquin chétif du village. Hugo grandit au milieu des champs de blé dorés et des sentiers poussiéreux. Seul le chemin qui le menait à l’école était un lieu qu’il redoutait plus que tout.
Hugo n’aimait pas l’école. Les mots dansaient devant ses yeux sans jamais se fixer, les chiffres s’emmêlaient et ses résultats restaient désespérément bas. Ses professeurs, bien que patients, finissaient par le regarder avec cet air de fatalité qu’il redoutait tant. Il était de ceux qui n’iraient jamais loin, de ceux qu’on destinait d’avance à un avenir modeste. Son petit voisin, Léo, lui, était tout son contraire. Curieux et appliqué, il collectionnait les bonnes notes comme d’autres ramassaient des trésors. Il posait mille questions en classe et semblait absorbé par chaque leçon. Hugo le regardait dubitatif, mais qu’avait-il de plus que lui ?... Hugo ne le su jamais.
Un après-midi caniculaire, Hugo se réfugia aux toilettes de sa petite maison de campagne. Assis sur la cuvette, il profitait de l’air chaud qui entrait par la fenêtre entrouverte. C’est alors qu’il entendit la voix de sa mère, qui discutait avec la mère de Léo.
— Ah, tu as de la chance, disait-elle. Moi, je sais que mon fils ne fera pas d’études. Le tien, lui, a un avenir brillant qui l’attend. Hugo, lui, sera certainement ouvrier. Vraiment, je ne sais pas ce que je vais en faire.
Ces mots frappèrent Hugo en plein cœur. Il s’arrêta de respirer de peur que sa mère de s’aperçoive de sa présence. Sa propre mère ne croyait pas en lui. Une larme roula sur sa joue. Il attendit que sa mère et la voisine ne s’éloignent. Quand les voix s’estompèrent, il comprit qu’il pouvait sortir. Il remit sa culotte tant bien que mal et sortit en courant. Dehors, le vent chaud de l’été sécha ses larmes, mais une décision venait de naître en lui. Sa mère sans le savoir venait de changer sa vie. Il n’aimait toujours pas l’école, mais il décida qu’il travaillerait autant qu’il le pourrait. Il se dit : « Tout ce que je peux faire, je dois le faire… Et advienne que pourra ». Il reprit sa course effrénée et n’oublia plus jamais les mots de sa mère. Il allait travailler à l’école, travailler et travailler encore non pas pour briller, mais pour avancer, pas à pas. Il ne voulait pas être le premier d’ailleurs il ne le pouvait pas, il ne voulait pas briller parce qu’il ne le pouvait pas, il voulait simplement passer en classe supérieur tant bien que mal pour avancer et avance encore sans tomber vraiment. Mettre un genou à terre ce n'est pas tomber, c’est prendre conscience qu’on peut se relever.
Les années passèrent. Hugo peina, redoubla, mais jamais il ne renonça. Il pleura souvent devant ses devoirs qu’il ne comprenait pas toujours surtout quand personne ne le voyait. Mais il travaillait sans relâche. Chaque soir, il se plongeait dans ses cahiers, luttant contre la fatigue et le doute. Il avait des sueurs froides en pensant qu’il ne comprendrait jamais. Au début, son cerveau semblait vouloir exploser sous l’effort. Puis, petit à petit, peu à peu, il comprit, mémorisa, s’ouvrit au monde. Sa tête, jadis prisonnière de ses difficultés, semblait pouvoir absorber plus de choses et de plus en plus.
Il se mit à rêver plus grand. Il dévora les livres de sciences, les magazines sur l’espace, et découvrit une passion insoupçonnée pour l’astronomie. Il passa des nuits entières à observer les étoiles, se demandant s’il pouvait un jour les atteindre. Un jour, la directrice de la bibliothèque du village appela sa mère car elle s’inquiétait du nombre d’heures que Hugo passait à la bibliothèque, elle se préoccupait de sa santé.
Un jour, bien des années plus tard, Hugo enfila une combinaison blanche ornée d’un drapeau. Il monta à bord d’une fusée, et alors que la Terre s’effaçait sous ses pieds, il repensa à ce jour fatidique, où sa mère, sans le vouloir, lui avait donné des ailes.
Il ne sut jamais ce que devint Léo, mais cela n’avait plus d’importance. Lui, l’enfant roux qu’on pensait perdu, était devenu un astronaute connu dans le monde entier.
Parfois, les paroles les plus dures sont celles qui nous donnent la force de nous élever. Ce qui compte, ce n’est pas d’où l’on part, mais jusqu’où l’on décide d’aller.
kirikiki l'histoire est finie !...
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