16 Février : Le Réveil des Couleurs

 19- Le Réveil des Couleurs

https://youtu.be/ePyk2gULjeU

Dans un village blotti au creux d’une vallée, entre des montagnes aux cimes enneigées et des forêts séculaires, vivait une communauté attentive aux moindres frémissements de la nature. Depuis des mois, l’hiver régnait en maître, drapant la terre d’un manteau immaculé. Les arbres, figés dans une torpeur silencieuse, tendaient leurs branches dénudées vers le ciel pâle, tandis que les ruisseaux s’écoulaient en un murmure discret sous la glace translucide. Les habitants, bien que rompus aux rigueurs de la saison, guettaient avec impatience le retour du printemps, ce prodige annuel où la nature, tel un tableau noir en attente de couleurs, s’anime de nouveau.

Un matin, alors que le soleil perçait timidement la chape de nuages blancs, une fillette du nom Ilias décida de s’aventurer hors du village. Âgée de huit ans, elle possédait des yeux pétillants comme des étoiles et une curiosité insatiable. Elle aimait parcourir les bois, écouter les récits de sa grand-mère le soir au coin du feu et observer les moindres transformations du paysage qui l’entouraient. Ce jour-là, comme pressentant l’imminence du renouveau, elle enfila son manteau rouge, chaussa ses bottes fourrées et s’élança sur les sentiers encore marqués par l’empreinte de l’hiver.

À mesure qu’elle avançait, elle constata que la neige, lentement, cédait du terrain. Par endroits, des îlots de verdure pointaient timidement sous la blancheur persistante. Près d’un vieux chêne, elle s’arrêta, posant sa main sur son écorce rugueuse. 

« Dis-moi, vénérable arbre, sens-tu le printemps approcher ? » chuchota-t-elle.

En guise de réponse, un souffle léger fit frémir les branches dénudées, et l’enfant crut percevoir la réponse du vieux chêne.

Poursuivant son exploration, Illias parvint au bord d’un ruisseau que la glace relâchait peu à peu de son étreinte hivernale. L’eau, libérée, chantonnait en clapotant contre les pierres lissées par le temps. Accroupie sur la berge, elle observa les bulles d’air s’élever à la surface ou parcourir la carapace de glace. Soudain, un éclat argenté attira son regard : un poisson, vif et gracieux, venait de surgir des profondeurs. 

« Serai-tu le premier à saluer le printemps ? » s’exclama-t-elle avec entrain. 

En réponse, si s’en était une mais Ilias en était sûre, l’animal bondit hors de l’eau avant de disparaître dans un frémissement cristallin.

Avançant encore, la fillette atteignit une clairière baignée d’une lumière douce. Là, un spectacle merveilleux l’attendait, des perce-neiges, ces fleurs frêles mais vaillantes, avaient percé la terre glacée. Leurs corolles immaculées oscillaient doucement sous la brise, annonçant avec grâce la fin de l’hiver. 

Ilias s’agenouilla, effleurant du bout des doigts ces éclaireuses du renouveau. 

« Vous êtes les premières messagères, murmura-t-elle avec tendresse. Votre courage illumine la fin de l’hiver. »

Soudain, un bruissement attira son attention. Tournant la tête, elle aperçut un lièvre brun tapi dans les fourrés, ses grandes oreilles dressées, ses yeux vifs et inquisiteurs. 

Un instant, leurs regards se croisèrent, et Ilias sentit qu’il partageait son attente impatiente du printemps. D’un bond agile, l’animal disparut dans la végétation, laissant derrière lui un silence empreint de mystère et de froidure.

Ravie de ses découvertes, Ilias retourna au village et s’empressa de raconter aux habitants ce qu’elle avait vu. Elle leur parla du ruisseau réveillé, du poisson sautant hors de l’eau, des perce-neiges courageuses et du lièvre messager. 

Inspirés par ses récits et ressentant ce renouveau au plus profond de leur être, les villageois surent qu’il était temps de préparer la fête du printemps. Bientôt, la place du village fut parée de guirlandes de fleurs séchées, et un grand feu fut dressé en l’honneur du renouveau.

Lorsque la nuit tomba, tous se rassemblèrent autour du brasier crépitant. Les enfants dansaient, les adultes chantaient, et même les animaux semblaient participer à cette célébration de la lumière retrouvée. Les oiseaux gazouillaient encore à la tombée de la nuit, ce qui augurait de l’arrivée imminente du printemps, et c’était tellement doux à l’oreille et tellement réconfortant à l’âme.

Ilias, blottie contre sa grand-mère, contemplait les flammes dont les reflets dansaient sur les visages réjouis.

« Grand-mère, demanda-t-elle d’une voix rêveuse, le printemps est enfin là ? »

La vieille femme posa une main douce sur sa joue et sourit. 

« Le printemps, ma chérie, est une promesse. Il s’annonce d’abord à pas feutrés, se déploie avec prudence, mais chaque jour, il gagne du terrain. Toi, aujourd’hui, tu en as été l’annonciatrice. Demain, il pourrait peut-être être déjà là !»

Ilias ferma les yeux et laissa la brise caresser son visage. Elle imagina les bourgeons s’épanouir, les oiseaux revenir de leur long voyage, les prairies se draper d’un arc-en-ciel floral. L’hiver n’avait pas encore totalement abdiqué, mais, dans son cœur, elle le savait : le printemps était en marche. Il serait peut-être là demain…

Ainsi, dans ce village niché entre les montagnes et les forêts, le cycle immuable des saisons fut une fois de plus célébré avec bonheur et espérance. Car chaque année, la nature, dans sa sagesse infinie, rappelle à ceux qui savent l’écouter qu’après la nuit vient l’aurore, et qu’après l’hiver éclot la vie.

kirikiki l'histoire est finie !...


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