18 Février : La Timidité partagée de Cúthail

21- La timidité partagée de Cúthail


A flanc de coteaux abrupts devant lesquels s’étendait une plaine dorée où les blés dansaient sous la brise comme une mer ondulante, se trouvait une petite ferme aux volets bleus. C’était une maison chaleureuse, entourée d’un jardin éclatant de couleurs, où les carottes, les salades et les tomates brillaient sous le soleil dans un potager très bien organisé. Mais ce qui rendait l’endroit vraiment spécial, c’était le vieux pommier au tronc tordu qui trônait au milieu de la cour. Chaque nuit, il semblait chuchoter aux étoiles, comme s’il connaissait leurs secrets.

Là vivait Cúthail, une petite fille douce et rêveuse. Elle aimait écouter le chant du vent, parler tout bas aux poules et caresser le museau velouté de la vieille vache Blanquette. Mais ce que Cúthail préférait par-dessus tout, c’était le silence rassurant de la nature. Elle était timide, si timide que les mots semblaient parfois se cacher au fond de son cœur, comme des Saint-Jacques au fond de leur coquille.

Un soir, alors que le ciel se peignait de teintes roses et bleutées, ses parents lui annoncèrent ce qui était une mauvaise nouvelle pour elle:

— Ce soir, nous aurons des invités pour le souper.

Cúthail sentit son cœur battre d’inquiétude. Elle s’interrogeait … Des inconnus ? De nouvelles voix ? De nouveaux regards ?... Elle aurait voulu se cacher derrière le pommier ou disparaître dans le grenier.

— Qui ça ? murmura-t-elle.

— Une famille du village, expliqua sa mère avec douceur. Ils traversent une période difficile, et partager notre table leur fera du bien.

Cúthail baissa la tête. Elle comprenait l’importance du partage, mais son ventre se serra à l’idée de devoir parler et partager un repas avec des inconnus. Pourtant, elle aida sa maman à dresser la table sous le grand arbre, où la brise solaire et la lumière du soir faisaient scintiller les nappes blanches comme des ailes de papillons. 

Le pain chaud sortant du four exhalait une odeur réconfortante, et un pot de confiture brillait comme un rubis sous les derniers rayons du soleil.

Quand on frappa à la porte, Cúthail sursauta. Un homme et une femme entrèrent, accompagnés d’une fillette à peine plus jeune qu’elle. Elle portait une robe un peu trop grande et tenait serrée contre son cœur un petit bouquet de fleurs des champs cueillies au bord des chemins, aussi délicates qu’un souffle de vent.

Cúthail resta figée. Tétanisée, elle ne dit mot…

Puis, dans un geste hésitant, l’enfant s’avança et tendit le bouquet délicat à Cúthail.

— Tiens, c’est pour toi, murmura-t-elle.

Cúthail sentit une douce chaleur lui monter aux joues. Elle prit le bouquet fragile entre ses doigts et, pour la première fois, osa lever les yeux vers l’étrangère. C’est alors qu’elle vit quelque chose de familier dans son regard : une lueur d’hésitation, une fragilité semblable à la sienne.

Un lien invisible, aussi léger qu’un fil de soie, sembla se tisser entre elles.

Le souper fut simple mais joyeux. Cúthail parlait peu, mais elle observait Clara. Elle remarqua comment elle savourait chaque bouchée, comme si elle voulait garder en mémoire chaque instant.

Quand la nuit tomba, rassurée par le comportement de Clara, Cúthail l’entraîna dans le fond du jardin là où la lumière des lampions est tamisée. Au-dessus d’elles, le ciel scintillait d’une infinité d’étoiles. Le ciel était clair et profond. On ressentait la dimension de l’immensité cosmique.

— Regarde, dit Cúthail en pointant la Grande Ourse.

Clara leva la tête, émerveillée.

— On dirait qu’elles chuchotent des histoires, souffla-t-elle.

Cúthail sourit.

— Elles ont toujours été là… mais parfois, il faut juste apprendre à les voir.

Clara tourna la tête vers elle et son sourire s’élargit.

— Tout comme nous.

Cúthail sentit son cœur s’illuminer d’une douce joie. Oui, c’était exactement ça. Elles étaient comme ces étoiles discrètes, prêtes à briller dès qu’on leur laissait une place dans l’immensité du monde.

Alors que les parents se disaient au revoir et qu’une douce brise nocturne caressait doucement leurs joues, Clara demanda dans un souffle :

— Tu crois qu’on pourra se revoir ?

Cúthail rougit, mais cette fois, ce n’était pas de timidité. C’était de bonheur. Elle tendit timidement la main, et après une brève hésitation, Clara la saisit.

— Oui, répondit-elle. J’aimerais beaucoup.

Et sous le regard bienveillant du vieux pommier et des étoiles complices, une nouvelle amitié venait de naître, douce et lumineuse, comme une fleur qui s’ouvre au milieu de la nuit.

On croit souvent être seul avec nos peurs, mais il suffit de croiser quelqu’un qui ressent la même chose pour se sentir plus fort. C’est aussi comme ça qu’on grandit.

kirikiki l'histoire est finie !...


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