17 Février : La Pie qui ne savait pas se taire

20- La Pie qui ne savait pas se taire


https://youtu.be/XRuNOmaPs4A


Il était une fois, dans un petit village entouré de champs immenses baignés de soleil, une pie nommée Karaká. Karaká était une pie très spéciale, car elle adorait parler. Elle était bavarde mais bien plus bavarde que tous ses congénères. Elle parlait du matin au soir, de tout et de rien, avec qui voulait bien l’écouter. Elle racontait des histoires sur tout et n’importe quoi… Sur les nuages qui glissaient dans le ciel azur, sur les feuilles qui dansaient dans le vent, sur les insectes qu’elle croisait, et même sur les étoiles qu’elle voyait la nuit. Karaká était si bavarde qu’elle en oubliait parfois de manger, trop occupée à partager ses pensées avec les autres pies. Peut-être était-elle philosophe… Bon j’en doute… Mais qui sait ?...

 

Mais voilà, à force de parler sans cesse, les autres pies commencèrent à se lasser. Elles en avaient assez de ses jacassements interminables. 

 

Un jour, l’une d’elles lui dit : « Karaká, tu parles tellement que tu ne laisses jamais personne placer un mot ! » Une autre ajouta : « On ne peut même plus se reposer à cause de toi ! » Une autre encore « Tu nous casses les oreilles ! »

 

Et peu à peu, les pies s’éloignèrent d’elle. Karaká se retrouva seule, perchée sur une branche, sans personne à qui parler. Elle n’était pas bien et parlait sans que personne ne l’écoute et le temps passait.

 

Un matin, alors qu’elle volait au-dessus de l’école du village, Karaká entendit un grand bruit. Elle se demandait qui pouvait faire un tel vacarme. C’était la cour de récréation, les enfants jouaient, criaient et riaient. Il n’y avait pas de répit, pas de silence.

 

« Ces enfants doivent beaucoup bavarder, tout comme moi ! Si je pouvais apprendre leur langage, je pourrais leur raconter toutes mes histoires ! Ah ! Ce serait le bonheur… » se dit-elle.

 

Alors qu’elle survolait la cour, elle aperçut un tilleul qui surplombait la cour. Elle décida de s’y poser. Karakà était pleine d’enthousiasme, de là, elle pourrait écouter les enfants et apprendre leur langue.

 

Les jours passèrent, puis les semaines. Karaká restait perchée sur sa branche favorite. Mais écouter, pour Karaká, c’était difficile. Elle ne pouvait s’empêcher de jacasser à qui voulait bien l’entendre. Elle parlait au vent, aux feuilles, et surtout au tilleul, son arbre préféré. 

 

« Tu as vu comme ils courent ? » disait-elle au tilleul. « Et leurs rires, comme ils sont joyeux ! Je vais bientôt comprendre ce qu’ils disent, et alors je pourrai leur raconter toutes mes histoires ! »

 

Flamourio, le tilleul, vieux et sage, écoutait Karaká en silence. Il avait plus de cent ans et connaissait aussi bien le langage des humains, que celui des oiseaux, et même de celui des insectes car lui était à l’écoute du monde qui l’entourait.

 

Un jour alors qu'il était agacé par les jacassements incessants de la pie, il s’adressa à elle.

 

 « Karakà ! » lui dit-il, « Cela fait des mois que tu es ici. Te souviens-tu pourquoi tu es venue ? »

 

Karaká éclata de rire.

 

« Bien sûr que je m’en souviens ! Je suis ici pour apprendre la langue des enfants, pour leur raconter toutes les histoires que je connais ! »

 

Le Flamourio, le tilleul, hocha lentement ses branches.

 

« Et qu’as-tu appris jusqu’à présent ? » l’interrogea-t-il.

 

Karaká ouvrit son bec pour répondre, mais aucun mot ne sortit. Elle était stupéfaite Elle réalisa qu’elle n’avait rien appris. Elle avait passé tout ce temps à parler, mais jamais à écouter.

 

 « Je suis ici depuis plus de cent ans, et j’ai appris à écouter. J’écoute les humains, les oiseaux, les insectes, et même les plantes. On n’apprend rien en parlant, Karaká, pour apprendre, il faut écouter. » repris Flamourio.

 

Karaká, vexée, ne répondit rien. Elle ne pouvait pas croire que le tilleul avait raison. 

 

« Me taire ? Impossible ! » pensa-t-elle. Elle s’envola, frustrée, et alla se percher sur le rebord de la fenêtre de la salle de classe. 

 

Là, elle vit son reflet dans la vitre. Croyant qu’une autre pie l’écoutait, elle se mit à jacasser de plus belle, racontant tout ce qu’elle savait à son reflet. Elle avait déjà oublié les sages conseils de Flamourio le Tilleul.

 

Les jours, les mois, les années passèrent. Karaká ne quitta plus la fenêtre de l’école, parlant sans cesse à son reflet. Elle n’apprit jamais le langage des enfants, ni celui des autres pies. Elle passa sa vie à parler, sans jamais écouter.

 

Le tilleul, triste, essaya plusieurs fois de lui parler, de lui dire qu’elle pouvait encore apprendre si elle se taisait un peu. Mais Karaká ne l’écoutait plus depuis bien longtemps et ne l'écouterait plus jamais.

 

Son reflet lui suffisait.

 

Et c’est ainsi que Karaká, la pie bavarde, resta seule, parlant à son reflet, sans jamais comprendre que l’écoute et le silence sont parfois la clé pour apprendre et grandir.

 

Le tilleul, quant à lui, continua à écouter le monde, gardant en mémoire l’histoire de la pie qui ne savait pas se taire.


kirikiki l'histoire est finie !...


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