4 Février : Le Mystère de la Forêt Murmureuse
7- Le Mystère de la Forêt Murmureuse
https://youtu.be/MXJteZMD66Y
En lisière du Royaume d’Émeraude, là où les arbres conversent à voix basse et où les ruisseaux fredonnent des mélodies oubliées, s’étendait le village de Penmor. Ses habitants avaient pour particularité de comprendre le langage des animaux, grâce à un don ancestral transmis de parent à enfant. Ce don, jalousement gardé, était à la fois une bénédiction et une responsabilité. Car, comme le disait souvent le sieur Philibert : « Un animal mal compris est une catastrophe en puissance. »*
Philibert était un homme méthodique et légèrement bougon qui régnait sur sa maisonnée avec une rigueur de général. Il enseignait à sa fille Églantine, âgée de dix printemps, l’art délicat de « parler aux bêtes sans les vexer ».
— Un lièvre, ma chère, exige des salutations en trois courbettes. Un hérisson, une promesse de baies. Et surtout, ne jamais tutoyer un hibou avant minuit ! répétait-il, un sourcil sévèrement levé.
Églantine, esprit vif et curieux, écoutait ces leçons en retenant un sourire. Elle préférait de loin improviser, quitte à déclencher des quiproquos hilarants. Un matin, alors qu’un écureuil lui réclamait des noisettes en latin (« Nucum, quaeso ! »), elle répondit en lui lançant une poignée de glands, déclenchant une bataille de petits rongeurs coiffés de casques en écorce.
— Papa, tes règles sont trop compliquées ! protesta-t-elle, un hanneton perché sur son nez. Les animaux aiment rire, non ?
— Rire, certes, mais dans le respect des convenances ! tonna Philibert, ajustant sa cravate en feuilles de chêne. La bienséance, Églantine, la bienséance !...
Leur désaccord atteignit son paroxysme lorsqu’un griffon égaré, créature mi-aigle mi-lion, et entièrement susceptible, s’installa dans la Forêt Murmureuse. Les villageois, effrayés, se tournèrent vers Philibert pour résoudre la crise.
— Un griffon ! s’exclama-t-il, les yeux brillants d’excitation. Cela exige une approche protocolaire irréprochable !
— Ou peut-être juste un peu de fantaisie ? suggéra Églantine, déjà en train de fabriquer une couronne de fleurs pour l’animal.
Philibert insista pour lui adresser un discours en vieux griffonais, tandis qu’Églantine proposa de lui offrir un concerto de flûte en échange de sa coopération.
— Absurde ! Totalement absurde ! Un griffon ne négocie qu’avec des vers épiques ! s’exclama Philibert.
— Et s’il préfère les berceuses ? rétorqua Églantine, espiègle.
Leur dispute attira l’attention de Dame Luminelle, une luciole philosophe résidant dans un gland creux.
— Mes chers tumultueux, dit-elle en clignotant d’un air malicieux, pourquoi ne pas combiner sagesse et fantaisie ? Le respect, voyez-vous, est un pont à deux voies… pavé d’écoutes.
Stupéfaits, père et fille décidèrent de tenter l’impensable : col-la-bo-rer.
Philibert composa une ode en l’honneur du griffon : « Ô toi, dont les serres ensorcellent le granit… et blablabli et blablabla… », tandis qu’Églantine l’accompagna d’une danse endiablée, imitant les mouvements d’un phénix enrhumé.
Le griffon, d’abord perplexe, finit par éclater d’un rire tonitruant qui fit trembler les fougères.
— Enfin des humains qui savent respecter et amuser ! rugit-il, avant de leur offrir une plume magique capable de calmer les tempêtes ou les caprices de marmots.
De retour au village, Philibert et Églantine signèrent une trêve ludique.
Lui apprit à un chat à danser la gigue.
Elle enseigna à une colonie de fourmis l’art du haïku.
Et lorsqu’un ours grognon réclama du miel en hiver, ils unirent leurs méthodes : Philibert négocia avec éloquence, tandis qu’Églantine… lui glissa un pot de confiture en murmurant : « C’est meilleur, mange !... »
Mais l’aventure ne s’arrêta pas là. Un jour, un corbeau messager apporta une nouvelle inquiétante : la Forêt Murmureuse perdait sa magie. Les arbres ne murmuraient plus, les ruisseaux ne chantaient plus, et les animaux semblaient désorientés.
— C’est un désastre ! s’exclama Philibert. Sans la magie de la forêt, notre don disparaîtra !
— Et les animaux seront tristes, ajouta Églantine, les yeux remplis d’inquiétude. Nous devons faire quelque chose… et rapidement, rajouta-t-elle !
Ensemble, ils partirent explorer la forêt, accompagnés de Dame Luminelle et de Grande Queue Rousse, l’écureuil qu’Églantine avait aidé. Ils découvrirent que la source de la magie, un ancien arbre nommé Sylvestre, était malade. Ses feuilles, autrefois dorées, étaient maintenant ternes et tombantes, tout comme ses branches d’ailleurs.
— Sylvestre est le cœur de la forêt, expliqua Dame Luminelle. Si nous ne le guérissons pas, tout sera perdu.
— Mais comment le guérir ? demanda Églantine.
— Il faut lui redonner de la joie, répondit la luciole. Et pour cela, il faut unir les forces de la sagesse et de la fantaisie.
Philibert et Églantine se mirent au travail. Philibert utilisa ses connaissances pour préparer une potion à base de rosée de lune et de pétales de fleurs rares. Églantine, quant à elle, organisa une grande fête avec tous les animaux de la forêt. Les lièvres dansèrent, les hiboux chantèrent, et même le griffon fit une apparition spectaculaire, lançant des éclairs de rire dans un ciel de nuit.
Lorsque la potion fut versée aux racines de Sylvestre, l’arbre se mit à briller d’une lumière dorée. Les feuilles reprirent vie et la forêt entière sembla respirer à nouveau.
Les murmures des arbres et les chants des ruisseaux résonnèrent de plus belle, plus forts et plus joyeux que jamais.
De retour au village, Philibert et Églantine furent accueillis avec plein de bravos et de hourras. Les villageois, reconnaissants, organisèrent une grande fête en leur honneur.
— Tu vois, papa, dit Églantine en souriant, la magie est plus forte quand on travaille ensemble.
— Tu as raison, ma chère, répondit Philibert, un sourire rare mais sincère aux lèvres. La sagesse et la fantaisie sont les deux ailes d’un même oiseau.
Le respect entre parents et enfants est une valse à deux temps : il s’apprend en écoutant les savoirs anciens, mais se renouvelle en dansant avec la fantaisie du présent.
kirikiki l'histoire est finie !...
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